Une famille pleine de bonnes intentions, mais une source d'angoisse supplémentaire qui s'ajoute au repas. |
D'abord, bien sûr, il faut manger et ça fait grossir ! Puis,
au passage, il faut manger face au regard de l'autre, ce qui est anxiogène.
L’abondance de nourriture mais
aussi parfois, de cadeaux, de joie (plus précisément d’émotions partagées
devant tous) devient une source de stress et d’angoisses alors que chacun, y
compris vous-mêmes souvent, auraient aimé y trouver un plaisir partagé. Le
poids des regards et des éventuelles remarques sont difficiles à supporter pour
la malade ; les yeux de tous les convives rivés sur son assiette à moitié
vide (mais finalement aussi, à moitié pleine!) génère une souffrance
supplémentaire.
Mais manger, c'est aussi faire
acte familial. Les fêtes sont souvent l'occasion de réunir tout le monde ;
"cet oncle que je ne vois pas si souvent", "ce grand-père qui ne
parle pas", "cette tante qui parle fort, plus haut que ma mère".
Un tel acte, manger ensemble, donne une
identité familialle. Or l'anorexie, la boulimie obligent à manger
seule, cachée : la maladie nous dit : "mange cachée ou ne mange
pas". Sous-jacente la pensée qu'il faut sans doute rompre avec cette
famille ronde.
Par ailleurs, Noël est aussi la
fête des enfants dont elle ne fait plus partie. Il lui a fallu quitter le monde
imaginaire, abandonner l'idée de venir à l'aube, en pantoufles, doucement et
sans bruit, sous l'arbre de Noël prendre, émerveillée, ses cadeaux
"magiques", venus par miracle du fond de l'angoisse de la nuit.
Il y a aussi, pour cette malade
anorexique ou boulimique, la pensée obsédante de toujours être parfaite, de
bien faire, de bien se comporter ... pensée omniprésente. Et cette pensée se
décline ici avec anxiété, avec un fort
sentiment d'impuissance. "Jamais je ne pourrais manger
tout ça !" ; "Que vont-ils penser de
moi ?" ; "Tout le monde va bien voir à quel point je suis
nulle !"
Il m'apparaît parfois qu'il y a
là une colère sourde ... J'entends encore celle de Charlotte "contre
ma mère qui m'a déjà parlé trois fois de mes efforts à faire ; contre mon
père qui fixe mon assiette d'un air las, comptant dans sa tête me semble t-il
toutes ces calories qui
n'entrent pas, tout ce "bon manger qui sera jeté". Je vais leur
gâcher Noël, ils vont me dire, si ça se trouve, que je ne suis pas désirée...
Et moi qui veux tant l'être, toujours et encore.
Pour la malade, la pensée vient, les yeux
noyés de larmes dans une aurore sombre, de ne plus bouger ou de partir. De ne
plus parler et trouver un endroit retiré du monde, avec du silence et de
l'agitation. Un brin de tristesse. Le vide.
Pour les parents, le conjoint, émerge un
fort sentiment d'impuissance, à la hauteur de l'échec infligé par cette fille,
ce fils qu'on ne reconnaît plus.
Peut-on faire autrement ?
Peuvent-ils, ces malades et ces parents, trouver un autre regard sur le poids
de la fête. Oui ! C'est possible ! Pour ceci, il faut :
- Faire la trêve de Noël. Ranger les armes et les
rancoeurs ;
- Ne pas trop avoir d'attentes, autrement dit
laisser faire, laisser la situation être vécue par chacun du mieux qu'il
peut ;
- Ne pas trop en faire, éviter le faste ...
Privilégier la simplicité et l'authenticité. Rester mesurer surtout autour
de la nourriture et sur la durée des repas ;
- Dire que Noël est une naissance, celle d'une âme
qui peut chanter lorsque l'anorexie s'en va, lorsque la boulimie la
quitte ;
- Dire aussi que le 31 est le dernier jour et que
le premier n'est pas le jour qui suit, mais le premier jour du reste de ma
vie ... sans anorexie ;
- Suggérer que la fête est la fête, qu'on n'y
regarde pas l'autre manger ou ne pas manger, engloutir ou ne pas avaler.
Il faudra comptabiliser les sourires, additionner les mots gentils,
empiler les gestes tendres ;
- Partager ces moments d'éternité, pour se souvenir
des belles choses ;
- Se murmurer aussi que chaque bouchée avalée est
suivie d'un sourire, que c'est une belle victoire sur la maladie ;
- S'affirmer enfin qu'avant, on n'a jamais cru ça
possible ... mais qu'après on est fier de l'avoir réussi. C'est aussi ça
grandir hors anorexie, s'épanouir hors boulimie.
Source : http://www.anorexie-et-boulimie.fr/
Cet article reprend en grande partie ce que j'ai ressenti pdt ces fêtes de noël...malheureusement
RépondreSupprimerFais lire cet article à tes proches, peut être comprendront t'ils un peu mieux ce que tu ressens durant cette période et les angoisses qui sont les tiennes. Bon courage.
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