25 septembre 2013

Journée bien-être, à l'école d’esthétique de Narbonne

Le mois de juin commence, les papillons ont de plus en plus de fleurs à butiner à l’aube d’un nouvel été.
Mais, en cette journée de juin, les papillons ne vont pas travailler mais se relaxer. En effet, grâce à l’initiative de Madame Doumenc, directrice de l’école d’esthétique de Narbonne, certaines patientes de l’Aile Papillon vont pouvoir bénéficier d’une journée bien être.
Le départ se fait gaiement, le voyage sur l’autoroute l’est tout autant. M., Ml., I., L., A., Ma., Cl., et C. se retrouvent sur le parking du théâtre narbonnais, avant une petite balade sur les quais de la Robine pour rejoindre l’Ecole d’Esthétique. Elles y retrouvent R., l’infirmière amatrice des soins en tout genre. Elles y sont accueillies par la directrice, et quelques élèves de l’école. Les papillons se séparent et sont dirigés vers les élèves qui leur feront bénéficier de leur savoir-faire. Au programme et au choix : soin du dos, soin des mains, soin du visage, ou encore modelage californien. Quand sonne midi, les papillons commencent à émerger de leurs soins. On remarque sur leur visage un épanouissement et une détente rares. Beaucoup semblent avoir retrouvé un peu d’apaisement, et de sérénité.
L’heure du repas se déroule au restaurant situé sur les Barques, « En Face ». Les papillons ont la possibilité de choisir ce qui leur plait. Beaucoup optent pour le plat du jour –du poulet sauce forestière, et un dessert. Les papilles sont ravies, tous comme les papillons qui discutent gaiement autour de la table.
Le café avalé, il est temps de passer à la deuxième partie de l’après-midi. Certains soins sont encore réalisés, tandis qu’un autre atelier se met en place. Cet atelier, proposé par une professeur d’arts plastiques de Narbonne, est consacré au modelage avec de l’argile. Les papillons sont invités à modeler sur un thème choisi, et de laisser vagabonder leur imagination pour modeler ce que bon leur semble. Beaucoup de créativité ressort de cet atelier.
Il est désormais temps de reprendre le chemin de l’unité. Les papillons sont ravis, et reposés.

Et une phrase revient, « qu’il est bon de prendre soin de soi ». 

26 juin 2013

Week-end du 18 et 19 mai à Céret.

Le samedi 18 mai, le temps est pluvieux et gris à Vérargues mais la bonne humeur est au rendez- vous. En effet aujourd'hui certains papillons vont s'envoler à Céret dans la famille du jolie papillon P. qui nous a tous gentiment invité à venir passer le Week-end chez eux pour la fête de la Cerise !
En effet, Céret est la ville où l’on trouve les meilleures cerises de France ... Le hic ? Cette année les cerises ont décidées d'être capricieuses et d'arriver avec du retard, la typique fête de la cerise et ses concours de lancer de noyaux sont donc décalés en juin !
Mais peu importe, toujours prêtes à changer d'air et à s'évader le temps d'un week-end, nous partons quand même fêter les cerises (sans les cerises !).
A 10h les papillons Sh., P., Me., L. et A. partent en direction de Céret avec l’espoir d'y trouver un peu de soleil ... Coup de bol !
En effet, elles ont pu profiter de la campagne et des magnifiques paysages de Céret et partager le déjeuner à l'extérieur dans la convivialité et la bonne humeur ! L'après-midi, les papillons toujours partantes pour une "partie shopping", ont profité de n’être qu’à 15 minutes de la frontière espagnole pour aller faire quelques achats au Perthus et à la Jonquera ! Certaines y trouveront leur bonheur.
A 16h30, les 3 papillons restant à la Clinique : Cl., Cla. & Ma. partent de Vérargues accompagnées de Mme S. et de nos deux incontournables infirmières S. et P. en direction de Céret où elles rejoignent le reste du groupe dans le petit centre-ville de Céret. Enfin tout le groupe est réuni ! Nous prenons la direction du musée d'art vers 20h, à la découverte d’œuvres captivantes.
La nuit tombée, la troupe en profite pour découvrir "Céret by night". Dans la joie et la bonne humeur, musique catalane et danse de rue au rendez-vous, les papillons ont pu démontrer leurs talents de danseuses.
Mais maintenant il faut rentrer pour être en forme car demain une autre journée nous attend ! 
Le lendemain matin  tout le monde se lève à des heures différentes, toujours les mêmes levées les premières et toujours les mêmes en retard ! Mais au moins comme ça, pas de bagarre pour aller à la douche ! Oui car imaginez 8 filles pour une salle de bain (Catastrophe !).
Une fois que tout le monde est habillé, coiffé, pomponné, maquillé ... nous partons faire une ballade en pleine campagne à l'air frais, pour découvrir les magnifiques paysages tranquilles et sauvages de Céret. Tandis que Sh. essaye de communiquer avec les ânes, que Ma. se la joue reporter avec son appareil photo, P. , Cl. et Cla. font un concours de ricochets dans la rivière !
Le midi c'est un repas catalan fait avec amour par les grands parents de P. que nous allons découvrir ! Un petit panier avec quelques cerises survivantes est tout de même proposé pour la plus grande joie de tout le monde ! C'est donc autour d’une grande tablée d'environ 20 personnes que nous partageons tous et toutes un agréable moment autour de délicieuses saveurs catalanes ! A la fin du repas, cerises ou pas cerises, hors de question de quitter Céret sans avoir fait le traditionnel "craché de noyaux" ! Mais comment va-t-on faire sans cerises ? Pas d'inquiétude ! Notre chère S. a tout prévu en rapportant des olives ! C'est alors un craché de noyaux d'olives que nous faisons dans le froid sous la pluie, dans le jardin ! Moment très amusant ! Nous finissons la journée par une séance "photos de groupes" et un petit café afin de nous réveiller avant de reprendre la route !

Ce fût un week-end assez fatiguant (puisque certaines n'ont pas mis très longtemps avant de s'endormir sur le trajet du retour) mais aussi un week-end fort agréable et conviviale, de bons moments de rires et de partages que les papillons ne sont pas prêts d'oublier ! Nous remercions d'ailleurs encore une énième fois la famille de notre papillon P. qui nous a accueilli très chaleureusement dans leur belle maison ! Merci !

M.G

21 juin 2013


Nous organisons une soirée le 24 juin à partir de 20h à la clinique Stella en l'honneur de la journée nationale de lutte contre les TCA, une représentation sera donnée par les patients de l'unité et un buffet vous sera proposez.
Nous vous attendons nombreux.


Merci de confirmer ou non votre présence.

20 juin 2013

Atelier cuisine thérapeutique (Partie 5)

En ce premier jour de juin, six patientes de l’unité Aile Papillon se sont rendues à l’Anguille sous Cloche accompagnées du Dr S., O. le kiné et B. l’incontournable aide-soignante.

Pour une fois, le soleil est au rendez-vous pour accompagner les demoiselles Cl., Sh., M., S., L., et Cl. dans leur chemin pour aller aux Halles de Lunel. Les cheveux voletant au rythme de la brise, les papillons se dirigent à pas tranquilles vers les Halles. Avant de faire les courses à proprement dites pour le repas du jour, un petit tour des étals s’impose pour faire visiter les lieux aux nouvelles participantes.  Étonnement et découverte sont au rendez-vous, notamment près de la poissonnerie où nombre d’espèces marines se côtoient.

D’ailleurs, le marin est à l’honneur pour l’atelier gastronomique, cinquième du nom. En effet, le chef D. a décidé de nous faire découvrir l’anguille – est-ce un clin d’œil à son restaurant ? C’est bien possible. L’anguille sera l’entrée, puis le thon constituera le plat, et enfin, les framboises et le chocolat se mêleront pour clôturer le déjeuner. Le chef ayant d’hors et déjà acheté le poisson, ce sont les mains pleines de sac de légumes frais que la joyeuse bande rentre au restaurant. Dans les paniers, des carottes, des cébettes, des tomates, de la coriandre, de l’ail, des oignons, des framboises, du persil et des concombres sont mélangés.

De retour dans la cuisine du restaurant, le groupe se sépare en deux trios. Le premier se charge principalement du dessert (un espuma de chocolat caramel, accompagné de framboises et de crumbles), et du pain maison. L’autre groupe s’attarde à la confection de l’entrée (anguilles fries et aïoli) et du plat (thon façon thaï). Sous l’œil attentif du chef et sous ses conseils avisés, les cuisinières d’un jour se mettent au travail.

Pour le thon façon thaï,
un bouillon doit être préparé. Celui-ci permettra de « cuire » le thon lorsqu’on le versera dessus. Pour confectionner le bouillon, rien de plus simple que cette loi connue de tous : « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». En effet, pour confectionner le bouillon, les papillons utilisent les épluchures des carottes, la pulpe des tomates, et la « tige » des cébettes. Elles découpent ensuite minutieusement les légumes en petits cubes de taille (plus ou moins) égale, ceux-ci seront ajoutés dans le bouillon très peu de temps afin de garder leur croquant et leur saveur. Il faut ensuite découper le thon en lamelle de cinq millimètres, puis le placer au réfrigérateur. Durant cette découpe de légumes, les papillons ont pu admirer la dextérité du chef à couper les légumes en fins morceaux rapidement. Elles ont voulu essayer, en appliquant les conseils du chef, mais cela n’a guère donné le résultat escompté… On ne devient pas chef  en un jour !

Il faut ensuite préparer l’aïoli. Deux jaunes d’œuf cuits, de l’ail écrabouillé, euh, écrasé et ciselé, de l’huile et du persil ciselé, et des biceps. De sacrés biceps pour piler le tout armé d’un rouleau à pâtisserie. Les papillons se relaient pour faire monter l’émulsion, B. et O. les regardent attentivement espérant reproduire cette recette à la maison. Au bout de quelques minutes d’effort, l’aïoli est fin prêt. Et comme le fait remarquer si justement L, il a le goût d’ail. Pour accompagner l’aïoli, il faut préparer les anguilles que l’on fera frire et qu’on « enroulera » d’ail et de persil.

Du côté sucré de l’assiette, il faut choisir le chocolat dont on se servira pour faire l’espuma. O. se charge volontiers de goûter les différents types proposés par le chef. Ensuite, munie d’un siphon, il faut préparer l’espuma avec du lait et de la crème. On confectionne également le crumble.
Au bout d’une heure et demie en cuisine, tout est près, il ne manque plus que la cuisson de certains aliments. Ayant un peu de temps avant l’heure du repas, les papillons bénéficient d’un quartier libre pour aller vagabonder dans Lunel. Direction le marché aux puces, dans l’espoir de chiner quelques bonnes affaires. C’est d’ailleurs le cas pour deux d’entres elles, qui ont su profiter des prix alléchants sur les vêtements d’occasions. Après ce petit tour bien agréable à l’extérieur, il faut retourner au restaurant.
La dégustation commence, après le dressage des plats. Pour toutes, le repas fut une agréable surprise, un doux moment de détente et de partage. Bien loin des couloirs de l’unité, certains aliments ont pu être dédiabolisés – notamment la friture qui a simplement permis de rehausser le goût de l’anguille, délicieux aux papilles de toutes. La convivialité était également présente lors de la confection du repas.

Et c’est sur ce débriefing agréable et positif que ce termine cet atelier. 

13 juin 2013

Qu'est ce que la potomanie ?

La potomanie est une pathologie principalement psychiatrique qui se caractérise par un besoin irrépressible de boire de l'eau. Cette consommation excessive d'eau, jusqu'à 10 litres ou plus par jour, peut devenir mortelle, car l'organisme ne peut pas tout assimiler.




Ce trouble du comportement alimentaire se caractérise par le besoin permanent et difficilement maîtrisable de boire, le plus souvent de l'eau. La potomanie est ainsi à l’origine de la polyurie (sécrétion d’urine en quantité abondante, et donc de l’augmentation du volume urinaire au-dessus de 2500 ml par jour). 
L'habitude de consommer de grandes quantités d'eau peut quelquefois aboutir à une intoxication quand cette consommation dépasse 10 litres par jour. Ceci entraîne une hydratation (apport hydrique) trop important des cellules aboutissant à une diminution de la quantité de sel (sodium) à l'intérieur du sang, ce qui est responsable d'un œdème au sein du cerveau s'associant à l'apparition de troubles neurologiques parfois très sévères.

La potomanie résulte de différentes pathologies : 
  • Diabète de type 1
  • Diabète de type 2 : il se caractérise par une impossibilité des reins à concentrer les urines, entraînant une polyurie (émission d’une trop grande quantité de liquide dans les urines) accompagnée d’une soif intense. 
  • Perturbation de centres cérébraux régulant la soif
  • Névrose et psychose infantile
  • Oligophrénie
  • Retard mental
  • Schizophrénie et démence
  • Troubles neurologiques par atteinte de certaines zones de l’hypothalamus (région du cerveau à l’origine de la régulation de la soif entre autres).


LES SYMPTÔMES

La potomanie est très difficile à détecter. Cette difficulté de détermination est due aux grands nombres de maladies ayant le même style de symptômes.  Cependant, la potomanie entraîne une polyurie (émission fréquente et en grande quantité d'urine) secondaire.

Le comportement des patients atteints de potomanie est généralement discret et susceptible de passer inaperçu par rapport, par exemple, aux individus absorbant une quantité trop importante de nourriture (boulimie) ou encore par rapport à un patient anorexique mental ou une personne soumise à une intoxication alcoolique.


Les individus atteints de dérèglement psychologique et de potomanie, le plus souvent ont une vie rythmée par l'absorption des boissons. Ces personnes fréquentent assidûment les cafés, les cafétérias, les bars mais aussi les toilettes. Ils nécessitent de manière impulsive une absorption de liquides et plus précisément d'eau. Il semble s'agir d'une activité de remplissage de la bouche et un besoin d'évacuation urinaire pouvant éventuellement aboutir à un plaisir intense.

LES CONSÉQUENCES

Les conséquences peuvent être dramatiques : lorsque la consommation journalière dépasse une dizaine de litres d'eau, le corps humain ne peut pas tout absorber.  Ceci entraîne une hydratation (apport hydrique) trop important des cellules aboutissant à une diminution de la quantité de sel (sodium) à l'intérieur du sang, ce qui est responsable d'un œdème (collection de liquide) au sein du cerveau s'associant à l'apparition de troubles neurologiques parfois très sévères. De nombreux décès sont liés à une intoxication par l'eau, notamment lors d'absorption de grandes quantités d'eau en un court intervalle de temps.

Les individus atteints de dérèglement psychologique et de potomanie, le plus souvent ont une vie rythmée par l'absorption des boissons. Ces personnes fréquentent assidûment les cafés, les cafétérias, les bars mais aussi les toilettes. Ils nécessitent de manière impulsive une absorption de liquides et plus précisément d'eau. Il semble s'agir d'une activité de remplissage de la bouche et un besoin d'évacuation urinaire pouvant éventuellement aboutir à un plaisir intense.

9 juin 2013

Témoignage Anonyme N°1

Vous connaissez sans nul doute cette célèbre citation de Friedrich Nietzsche : « Ce qui ne te tue pas te rend plus fort », c’est la seule qualité que je donne à l’anorexie-boulimie, ces pathologies ne m’ont pas tuée et aujourd’hui je témoigne ici, plus forte que jamais.
Je n’ai jamais été grosse, normale tout au plus. Pourtant je n’ai aucun souvenir dans ma tête qui puisse me faire penser que je n’ai jamais pensé l’être. Petite  je me comparais déjà aux fillettes de mon âge, et je ne compte plus les tentatives de régime inscrites dans mon journal intime, et qui à la vue de mon jeune âge ne manquaient jamais d’échouer. 

Cependant lors de ma rentrée au lycée j’ai commencé à maigrir sans faire de régime particulier, ça n’était qu’un ou deux kilogrammes mais déjà je trouvais grisant de voir les grammes disparaître quotidiennement sur ma balance.
Forte de cette expérience, j’ai commencé à réduire mon alimentation ; banal cliché de la jeune fille qui privilégie les haricots aux frites, le yaourt au fromage ou l’orange à la pâtisserie à la cantine de votre école.

Lors de ma rentrée en terminale tout s’est accéléré : j’ai commencé à limiter mes sorties, prétextant un trop plein de travail, je fuyais les grands repas de famille et les goûters entre amis, puis les petits déjeuners ont commencé à passer à l’as et le déjeuner aussi, parfois. 

La vie était en train de me quitter, seule l’exaltation des kilogrammes perdus persistait à m’habiter, et à pourrir une vie dont je commençais à ne plus vouloir.

J’ai appelé à l’aide le 25 novembre 2006, ça a été le premier appel à l’aide d’une longue série et bien qu’ils aient toujours été entendus, jamais je ne réussis à attraper la main que l’on me tendait.
C’est peu de temps avant décembre que mon médecin de famille a parlé d’anorexie, et c’est pleine de bonne volonté que j’ai commencé à reprendre quelques kilogrammes à coup de boissons hyper énergétiques, et de petits plats préparés avec amour. 
C’est à ce moment-là aussi que j’avalais mes premiers cachetons et rencontrais mon premier psychiatre. 

Mais inversement au retour des kilos sur la balance ma bonne volonté, elle, se faisait la malle. 

Bien que cette année-là je réussisse mon bac, (ma famille y voyait la cause de mon mal-être), la maladie elle ne faisait que commencer à s’incruster sournoisement dans mon cerveau, ma peau, mes entrailles et la moindre petite parcelle de vie qui demeurait. 
Elle voulait ma peau, elle l’aurait.

J’avais décidé de partir faire mon secondaire à plusieurs centaines de kilomètres de chez moi, pour être loin d’une famille et d’amis qui m’étouffaient. 
Pour me punir de ne pas être constamment proche d’une famille que j’aimais trop ; je m’imposais d’être une personne parfaite : une personnalité qui me rassurait tellement, que je ne me reconnaissais plus sans.
Cette année-là je devins potomane et l’anorexie s’accentua « je ne contrôle plus la nourriture mais c’est elle qui me contrôle, elle me bouffe de l’intérieur, elle empoisonne mon esprit […] » « je bouffe par procuration par l’intermédiaire des vitrines de boulangeries que je croise sur mon chemin ». Voilà ce que j’écrivais alors.

A cette époque-là, j’ai rencontré mon second psychiatre et une nouvelle catégorie de cachetons.

Puis un jour, j’ai basculé dans l’horreur, la hantise de toutes les anorexiques, la boulimie. Je ne répéterais jamais assez aux gens que non la boulimie n’est pas due à un manque de volonté, c’est une pulsion qui vous prends aux tripes, il faut que vous répondiez à cette pulsion, il n’en est pas possible autrement. 
Plus rien n’existe lors des crises, plus personne, vous devenez un monstre capable du pire, vous êtes seul face à votre détresse, seul avec la bouffe, votre meilleure ennemie.

Dès qu’une crise se déclenchait, je devenais un animal enragé, je courrais au supermarché du coin faire le plein de mes aliments à crise : lait, céréales, biscuit, yaourt. Des aliments que je m’interdisais en temps normal mais que je vomissais plus facilement. 
La crise terminait, j’allais vomir mon dégoût où je pouvais, le plus discrètement possible, en pleurant silencieusement.

« Je veux manger,
Bouffer autant que possible. C’est tout.
Et puis quand j’aurai le ventre plein, 
Tout ça,
Je le dégueulerai.
Et j’aurai l’impression que tout ce qui est nul en moi,
Je peux l’extraire de mon corps. »

L’extrait de ce livre exprime exactement les sentiments qui étaient miens à cette époque-là, crise ou pas, j’étais devenue un être répugnant, un être vide qui ne s’animait que lors des multitudes de crises quotidiennes qui le faisait vivre l’espace de quelques heures et l’enfonçait un peu plus dans le chaos.

Malgré les vomissements je commençais à voir mon corps se modifier avec une horreur telle que je ne pouvais plus me regarder dans le miroir. Mon entourage, lui, s’extasiait devant cette reprise de poids, ce qui eut pour effet pervers de m’inciter à me scarifier. Oui car je n’allais pas bien : les kilos revenaient eux mais la vie persistait à me quitter, je voulais leur crier que « NON, ÇA NE VA PAS » mais je me taisais.

Le seul moyen silencieux mais visible que j’ai trouvé pour appeler à l’aide ça a été de me balafrer le bras à coup de lame de rasoir. C’était aussi jouissif que de perdre des kilos : la douleur occasionnée me permettait d’exister un instant, de ressentir une douleur autre que celle qui transperçait mon cerveau de toute part me faisant vomir ma rage du monde. 
Voir le sang couler sur son bras et se dire que non on n’irait pas aux urgences, que la cicatrice resterait aux yeux de tous comme la seule marque de ma force : moi j’en suis capable, je suis forte, je vais mal mais je suis forte. 
Oui j’ai été perverse et manipulatrice, j’ai été un monstre capable de me scarifier pour exister aux yeux des autres. Je n’ai jamais connu rien de plus exaltant que le regard gêné d’inconnus sur mes cicatrices, pouvoir m’imaginer leurs pensées, la pitié qu’il pouvait ressentir.
Face à mon bras les gens étaient à ma merci, si ils avaient eu des doutes avec l’anorexie ou la boulimie, là ils ne pouvaient plus douter : la personne en face d’eux allait mal, ils ne pouvaient pas faire semblant avec moi, ils devenaient mes marionnettes, ce que je voulais d’eux je l’obtenais.

Après cinq ans de souffrance et autant de psychiatres, l’espoir de guérir un jour m’avait quitté entièrement, je finirai ma vie ainsi, si je ne me suicidais pas avant. 
J’y ai pensé à de nombreuses reprises, je n’ai jamais eu le courage de passer à l’acte. Pourquoi me direz-vous ?
Choisir de faire souffrir mes proches plutôt que de souffrir moi-même je ne pouvais m’y résoudre, j’avais choisi l’enfer, il fallait que j’assume ce choix, j’étais vouée à souffrir toute ma vie, c’était ainsi : la fatalité sans doute.

Et puis un jour de plus, un jour de trop, je me retrouve aux urgences psychiatriques, on me donne le nom de la personne qui va me sauver la vie mais je ne le sais pas encore.

Aujourd’hui, je vais bien. Après 5 mois d’hospitalisation à la clinique Stella, je m’estime « guérie », bien que ce mot soit un mélange d’angoisse et d’espoir pour moi.
Je mentirais si je vous disais que ça a été facile : c’est avec l’aide de nombreuses personnes que je me reconstruis tous les jours.
Le combat se poursuit quotidiennement à coup de petites victoires et de grands bonheurs. 

Merci à l'ensemble de l'équipe médical, à mes proches : ma famille et mon copain, et merci à tous les jolis papillons que j'ai côtoyé.

1 juin 2013

Atelier cuisine thérapeutique (Partie 4)

Le temps est pluvieux en ce jour de printemps, mais vaille que vaille, cela n’empêchera pas nos courageux papillons de se rendre à l’Anguille sous Cloche pour participer à leur quatrième atelier gastronomique en compagnie du chef D. Cette fois ci, c’est I., L., Cl., P., M., et Cl. qui mettront la main à la pâte, accompagnées d’Is. La diététicienne et de S. la stagiaire en diététique. Après un café pour réchauffer les petits papillons et pour permettre de discuter un peu du menu du jour, les papillons affrontent la fraîcheur printanière pour se rendre aux halles. Le stand de fruits et légumes regorgent de produits de saison, et il faut alors décider l’accompagnement du plat principal et du dessert. Alléchées par les fraises nouvellement arrivées sur les étals, les papillons décident qu’elles en feront l’héroïne du dessert. Pour l’accompagnement du plat, ce sera une purée pomme-carottes. Satisfaites de leurs achats, les papillons retournent au restaurant. Là, elles se divisent en deux groupes.
Le premier sera chargé du dessert, et du pain du jour. Avec le bonheur de faire elles-mêmes leur pain, M. et Cl. mélangent farine, sel, eau, et levure de boulanger avant de mettre le tout dans une machine à pain. Lorsque la pâte à bien levée, il s’agit alors de confectionner des petits pains rectangulaires. Néanmoins, les papillons s’octroient le droit de façonner des pains avec des formes originales, un petit chat et un cœur. Il faut ensuite faire le dessert. La fraise est au centre de ce dessert, elle sera sublimée avec un sirop au citron vert, au poivre et au clou de girofle. Les fraises sont coupées en quartier, puis plongées dans le sirop où elles resteront jusqu’au dressage. Lors du dressage, elles seront agrémentées d’un palet breton au thym et d’une crème aérienne au chocolat blanc.
Mais avant de manger cet appétissant dessert, il faut préparer le plat principal et l’entrée ! Au menu cette fois-ci pour l’entrée, ce sera bulots aux asperges. Grande découverte des bulots pour certaines, leur petit goût iodé aura l’honneur de ravir leurs papilles. Ceux-ci sont cuits dans un bouillon de cébettes et autres ingrédients. Ils seront servis sur un lit d’asperges croquantes que les papillons M. et Cl. ont équeuté précédemment. Pour la suite du repas, ce sera de la canette et la purée pomme-carottes. Les pommes utilisées sont des Granny Smith, afin de relever avec un peu d’acidité le gout sucré des carottes. Des petits dés de pommes sont ajoutés en fin de cuisson pour ajouter du croquant à la purée. Cette purée sucrée-salée accompagne à merveille la canette, au goût moins prononcé que le canard. Ce fut également une agréable découverte gustative pour nos petits papillons.
Lors de la dégustation, les papilles sont en émoi et elles frétillent. Le déjeuner se passe dans la bonne humeur, au rythme des conversations qui s’enchainent et des retours dans la cuisine pour dresser les plats au fur et à mesure. Chacune a eu une surprise dans ce repas au niveau des saveurs, l’ensemble du repas fut unanimement apprécié et la bonne ambiance fut au rendez-vous tout le long.

Vite vite le prochain !

21 mai 2013

Des mots pour mieux comprendre la boulimie.



Quand le chat n’est pas là les souris mangent
La personne souffrant de boulimie ne s’expose jamais au regard des autres lorsqu’elle est en crise. Elle attend d’être seule ou bien se démène pour trouver un moment dans la journée où elle sera sans personne. La boulimie est un secret, il faut donc agir en cachette, à l’abri des regards. Sinon, le rituel de la crise n’est pas respecté et le sentiment de honte serait insurmontable si quelqu’un la surprenait pendant la crise.


L’effet boule de neige
Pendant la crise, on ne raisonne plus ; la perte de contrôle de soi est totale. Alors, la devise est : ce que je commence, je le termine. Ouvrir un paquet de gâteau pour en manger un… puis deux… puis trois, quatre… amène la personne souffrant de boulimie à tous les manger, jusqu’au dernier. Le petit excès du départ s’est transformé en une immense boule au ventre!


L’habit ne fait pas le moine
La personne qui présente un Trouble des Conduites Alimentaires (T.C.A) de type boulimie n’est pas reconnaissable au premier coup d’oeil . Elle n’est pas le reflet inverse de celle qui souffre d’anorexie ; elle n’a pas la forme d’une «boule». Sous le manteau du trouble boulimique se cache toutes catégories de nourriture. Derrière un corps qui passe inaperçu, il est difficile d’imaginer qu’il est un vrai garde-manger permanent, une réserve de survie.


Avoir mal au cœur
Quand on souffre de boulimie, on a mal au cœur : parce que l’on est envahi par un sentiment d’extrême solitude, le cœur ne bat pour personne tant il est vide. Un état de détresse et une profonde tristesse anime souvent la personne en crise. On a mal au cœur : parce que l’on a la nausée. Les excès alimentaires écœurent au point de provoquer des vomissements.


Un corps à corps
Quand on a conscience de son trouble boulimique, on éprouve parfois cette lutte avec soi-même. Comme s’il y avait deux personnes en une seule : une qui veut à tout prix manger et l’autre qui le lui interdit. Il y a deux corps en un : un corps imaginé, celui que l’on considère comme un idéal de perfection et un corps réel, celui que l’on regarde dans le miroir et qui ne plait pas.


Croquer la pomme
Lorsque l’on cède à ses pulsions, on transgresse une limite, un interdit. A l’image d’Eve croquant la pomme biblique, symbole de l’interdit et du péché, l’individu souffrant de boulimie est submergé par la culpabilité. On a commis un acte impardonnable que l’on tentera de compenser, comme pour se racheter une conduite auprès de sa conscience.


Un billet aller-retour
A l’aller, on monte à bord du Train à Grande Vitesse : on ingurgite d’importantes quantités de nourriture en un temps très court. Au retour : les aliments refont le chemin inverse pour arriver à destination, c’est-à-dire au tout à l’égout.


Une bouffée d’oxygène
Lorsque la personne souffrant de boulimie démarre une crise, elle espère un soulagement, un repos, un instant de répit. La nourriture la console, dissipe toutes les idées qu’elles rejettent en elle-même. La nourriture est, temporairement, une bouffée d’oxygène car la personne peut « souffler», évacuer un trop-plein émotionnel. Evidemment, cette bouffée d’oxygène est une illusion car elle étouffe l’individu, l’emprisonne encore plus dans sa maladie et l’empêche de respirer sereinement.

Par Géraldine Munch

Source :  boulimie.com